Les années se suivent et se ressemblent tristement. Du 19 au 29 avril 2017, le gel a violemment frappé le vignoble français, allant jusqu'à infliger des dégâts sur 100 % des parcelles dans certaines régions. Bilan.
Le constant est sans appel, le gel printanier a fait des misères cette année. En plus d'être sévère, il a quasiment dicté sa loi dans tous les secteurs. Dans le Languedoc par exemple, il faut remonter aux années 90 pour retrouver trace d'un épisode aussi rude. Même chose pour l'Alsace. Inventaire région par région.
Bordeaux
En partie épargné l'an dernier, le vignoble bordelais est surement le plus endommagé. Près de 80 % des quelques 100 000 hectares semblent touchés par la vague de gel. Toutes les zones et particulièrement les coins de Saint-Emilion, Libourne et Pomerol sont sévèrement atteints. Certains domaines, les plus exposés, sont à 100 % gelés.
Sud-Ouest
Fronton, les terres de Cahors et Gaillac ont aussi souffert. Certains vignerons déplorent jusqu'à 80 % de perte. La région n'a pas connu une telle période depuis le début 1991.
Languedoc-Roussillon
20 000 hectares de détruits sur un total de 240 000 dans cette région. Des appellations ont été plus touchées, comme les corbières, le minervois et cabardès. L'Aude, par exemple, a perdu 4 000 hectares de vignes. Une nouvelle tragédie pour ce vignoble déjà frappé l’an dernier par la sècheresse et la grêle.
Vallée du Rhône
Ici, ce sont plutôt les appellations du sud, les Côtes-du-Ventoux et du Lubéron qui ont été atteintes. Malgré tout, les dégâts sont assez limités. Ouf.
Bugey
Dans le vignoble du Cerdon qui s'étend sur 180 ha, le gel a détruit 80 % des bourgeons. Dans le vignoble du Montagnieu, les vignes sont endommagées entre 30% et 100%. Un phénomène inédit pour le secteur qui s'explique par l'arrivée des bourgeons avec trois semaines d'avance, suivie par une subite vague de froid avec des chutes jusqu'à -7°.
Beaujolais
Le vignoble est presque épargné. Seul le sud est touché (Vallée d'Azergues) mais s'en tire très bien dans ce contexte météo apocalyptique. Re-ouf !
Bourgogne
Là, c'est plus sérieux. Chablis a été touché à environ 25%. Le bilan n'est que provisoire, mais les vignerons de chablis estiment à 1500 hectares les surfaces affectées, principalement au nord de l'appellation. Nous vous en parlions lors de notre visite chez Thomas Pico et Alice & Olivier De Moor. Les vignes de Bourgogne avaient déjà été affectées l'an dernier par des épisodes de températures négatives et de grêle...
Jura
De son côté le
Jura a subi de lourdes pertes, le froid ayant été vif et coriace. Vers Arbois c'est de l'ordre de 30 à 80 % mais dans le sud du vignoble, il y a de gros dégâts, l'appellation côtes-du-jura compte de nombreux domaines sinistrés à 100 %...
Alsace
La chute des températures à la mi-avril et les gelées matinales ont mis en péril les vignes alsaciennes. D'après les premiers constats, certaines parcelles seraient touchées à 100 %, la plaine autour de Colmar est particulièrement meurtrie. Un bilan que n'a pas connu le vignoble depuis 1991.
Champagne
Vers Epernay, entre 20 à 25 % de pertes, surtout sur les chardonnay qui sont plus précoces. Même sur les grands blancs, les chardonnays ont gelé, le bas d'Avize notamment, et à Cramant. Dans la partie nord de la Montagne de Reims, il a fait aussi très froid, on note beaucoup de dégâts vers Verzy et Verzenay.
Vallée de la Loire
Enfin, la Loire aussi a été touché. La Touraine, sur certains secteurs précis, paraît impacté à 80 %. Une catastrophe, comme l'an dernier. Interrogé par Le Point, Damien Delecheneau, de la Grange Tiphaine et président du cru Montlouis-sur-Loire, déplore « trois années de gel sur cinq, une situation devenue intenable… ». Sur Pouilly, deux tiers du vignoble sont touchés, entre 30 et 80 %. Dans les Coteaux-du-Layon, c'est variable, la rive gauche proche du Layon a semble-t-il beaucoup souffert, la rive droite globalement un peu moins. Le vrai désastre c'est Savennières. La partie ouest a été grillée à 100 %. Du jamais vu. Enfin, le Muscadet n'a pas été épargné non plus...