Vendredi 7 juillet. Profitant d'un déplacement un peu loin de mes bases habituelles en me disant que je ne pourrais pas être au plus près, je me dirige vers Carsac-de-Gurson au Domaine Coquelicot.
Après 2h de routes tortueuses et sous un soleil de plomb j’arrive chez Grégoire Rousseau. Tout reposé de sa sieste, Grégoire me propose dans un premier temps de rester au frais chez lui dans une grande pièce aux murs imposants. Petit café, verre d’eau, Grégoire m’explique comment il est arrivé dans ce coin bien loin de sa base auvergnate. Après quelques années à travailler dans un domaine bordelais (dont il me tait le nom) avec un bon salaire, il opte pour un job chez un pépiniériste avec qui le contact ne passera pas. Les hasards de rencontres l’installent dans ce coin de Bergerac à quelques mètres du bordelais et plus précisément des Côtes de Castillon. Des terroirs sensiblement identiques mais des appellations qui ne jouissent pas du tout de la même notoriété et donc des mêmes débouchés commerciaux. Depuis 2006, date de son installation, il a déménagé 1 fois, divorcé 1 fois, gelé 2 fois, grêlé x fois etc… la vie de vigneron est et sera compliqué. Grégoire Rousseau n’est pas d’une nature à se laisser abattre. Maintenant propriétaire de sa maison, il a de nombreux projets en cours. Parmi eux citons les indispensables comme des achats de raisins sur 2017 afin de combler la production quasi nulle de 2017 (gel à presque 100%). Il y a aussi un nouveau chai dont la construction se termine avec l’aide d’un bon copain du coin. Après une année 2016 qui le rendait serein, le millésime 2017 le sèche mais il regarde devant avec ses grands yeux bleus et son sourire joyeux.
Vers 18h et malgré la chaleur toujours aussi forte, petit tour rapide de son chai actuel dans une vieille grange, portes ouvertes, grosses cuves de luxe en résine, loin, voire très mais très loin d’un standard aseptisé J. Au fond à gauche, le stockage des bouteilles. Un endroit simple, sans chichi ni superflu.. Nous passons visiter ce qui sera le nouveau lui d’élevage où dorment déjà quelques futs de blancs (que nous gouterons au passage), le vieux pressoir et au fond le champs avec 2 ânes qui viendront d’ailleurs nous rendre visite. Un espace aéré et aérien où on se sent bien. En traversant la petite route de campagne qui passe devant chez lui, nous arrivons au verger puis sur de magnifiques vignes de vieux Sémillon. C’est magnifique car le vert est pur, le soleil donne de superbes éclats mais la réalité est quand même là, des vignes sans aucun raisin… : remember, le gel ? Le bonhomme en a quand même gros sur la patate et il est inutile de tourner le couteau dans la plaie. Il me propose d’aller voir un jeune qui vient de s’installer pas loin, un coup de fil, et hop nous voilà parti dans son camion pour 5/10 minutes de route et passer la frontière invisible entre le bergeracois et le côtes de Castillon. Nous arrivons au Château Brandeau où officient Sophie et Julien VOOGT depuis 2015, date de la reprise en fermage du domaine (10ha cultivé en bio depuis plus de 20 ans). Les outils de travaillent ne sont pas les mêmes à commencer par un magnifique chai de vinification et élevage. Julien est un gars aux yeux pétillants, plein d’énergie et d’envie, nous fait déguster sa gamme. Un travail très plaisant, plein de fraicheur de croquant. Julien ne cherche pas la puissance mais le fruit sans excès d’extraction. En particulier la cuvée « Joue Franc Jeu » est vraiment séduisante dans l’entrée de gamme. Je me dis qu’il faut suivre le gars ! Retour dehors pour partager quelques bières. Y a pas mieux, même chez les vignerons, pour se rafraichir.
0h, nous repartons chez Grégoire Rousseau pour déguster quelques vins de chez lui (qd même), entre autre le blanc, puis des copains de Grégoire Rousseau arrivent, certains, au moins un est vigneron (Domaine les 3 Saules en conversion AB) dans le coin aussi, avec des quilles, puis des quilles et mes quilles. Barbecue dehors, diner au frais (il fait enfin bon 27°C à 23h30). Il est de nouveau temps, de repartir dans un village du coin et reboire quelques bières, enfin eux car moi je résiste ou plus exactement j’en veux plus. 1h15, retour chez Grégoire où la porte aux eaux de vie s’ouvre et moi je me referme fatigué par la route, la chaleur et les quilles J. 2h15, Grégoire m’indique où je peux dormir, comme un bébé, en effet, je dors. Je repars à la fraiche vers 8h30, la maison dort et je laisse un petit mot à Grégoire pour le remercier de m’avoir permis de partager un bout de sa vie, de ses questionnements et de ses envies. À bientôt pour une cuvée ensemble ?