Mercredi 15 mai - 9h30
Direction les Côteaux d'Ancenis
Guillaume, Aymeric et moi-même prenons la route depuis Nantes direction Saint Herblon dans les coteaux d’Ancenis. Pourquoi ? Pour voir Rémi Sédès bien sûr !
Après 2 mois de confinement il est si bon d’apercevoir les premiers coteaux de vignes, d’aller retrouver ces vignerons dont les flacons nous ont accompagné durant toute cette période. On ouvre légèrement les fenêtres de la 206. Il y a du soleil, du vent et la route qui défile nous fait l’effet d’une véritable thérapie. Malgré le sacro-saint GPS on se perd un peu avant de trouver le chai de Rémi, classique.
On fait demi-tour et bim, on tombe sur Rémi au bord de la route en train de bosser sur des cuves avec un homme en bleu de travail. Frein à main, on s’arrête, on y est !
On laisse Rémi finir ce qu’il a commencé puis il se dirige vers nous et repars aussitôt dans la petite maison qu’il occupe au bord la route. Nous, nous l’attendons bien sagement de l’autre côté de cette petite route de campagne, là où se trouve son chai, dans un hangar qu’il partage en location avec un de ses amis qui fait de la polyculture.
1 minute plus tard Rémi revient, verres en main, il est 10h30. On le suit dans le chai, un foutoir bien ordonné, et on se pose debout autour d’une table. Rémi nous ouvre sa cuvée Samplemousse en 2018, un rosé de presse sur les agrumes qui claque, c’est parfait. On prend de ses nouvelles ; pour lui pas de confinement, la nature ne s’arrête pas sur décision gouvernementale ! Le cycle végétatif reprend à cette période, il faut être prêt. De plus Rémi passe du temps avec son fils entre école à la maison, partie de tennis sur un terrain « home made » et son travail de vigneron. L’emploi du temps est chargé !
Il est temps de déguster !
L’homme en bleu de travail revient pour lui dire qu’il a fini son travail, Rémi lui propose un verre. Après une seconde d’hésitation un verre se remplit.
Rémi nous explique ensuite qu’il a changé de chai il y a deux ans pour venir s’installer là.
« Ici il y a plus de place, je peux travailler en gravité. De plus il y a une chambre froide qui servait autrefois de lieux de stockage pour les pommes, c’est parfait pour gérer les fermentations. »
On continue la dégustation avec la cuvée Michto 2018, son vin de France blanc 100% melon. Le raisin est mûr, la bouche ronde avec un léger sucre résiduel, c’est une petite gourmandise ! Puis on repart sur le rosé Samplemousse mais en 2017 cette fois ! Le vin est vif, frais et précis, ça claque ! Pour finir vint « Le » rouge du domaine, le Trait Gamay 2017.
On le savait mais, à chaque fois qu’on le goûte, ça calme ! Sur des sols granitiques, Rémi nous sort un gamay d’une grande classe qu’il élève 2 ans avant de le commercialiser. De la concentration, de la finesse, du fruit et des tanins maitrisés. C’est beau ces vins naturels !
Après 2 heures de dégustation et d’échange, on remercie Rémi pour son temps précieux et on le quitte avec une bouteille de rosé sous le bras. En quittant le village on passe voir ses vignes et sa jument « Tocade » qui nous regarde sereinement. On prend une bonne bouffée d’air et on repart, direction Rochefort !
Nouvelle étape : l'Anjou chez Liv Vincendeau
Sur la route on s’arrête chez Guillaume, dans sa maison de campagne Angevine. On est accueilli par sa femme et ses enfants pour déjeuner. Une bouteille de Cairanne « la belle rouge » 2015 de chez Richaud, un bon poulet d’Ancenis accompagné de pomme de terre et tout le monde est content ! Une fois repus, pas le temps de faire la sieste on est attendu à 15h chez la Vigneronne Liv Vincendeau. En voiture !
En arrivant à Rochefort, on est émerveillé, que c’est beau les amis ! La Loire est haute et il y a du courant sur ce fleuve indompté. En fond il y a Savennières et ses coteaux, on aperçoit la coulée de Serrant. Après s’être trompé on trouve enfin le domaine de Liv Vincendeau, vigneronne d’origine Allemande installée sur la colline Angevine depuis 2014. Elle nous attend tout sourire entre son chai et la maison familiale. On lui fait part de la beauté des lieux et elle nous invite à aller prendre l’air sur les Bords de Loire. Quel pied !
Ensuite direction ses vignes. Sur les hauteurs de Rochefort, 7 hectares d’un seul tenant exposés sud, sud/ouest. Il y a du vent et il ne gèle quasiment pas ici. On reste une bonne demie heure devant sa parcelle de vieilles vignes de chenin de 1941 en gobelets. Liv, passionnée, nous explique que le terroir ressemble beaucoup à celui de Savennières, entre pierres volcanique et schistes verts et pourpres. Elle se prépare également pour une conversion en Biodynamie et commence à tester les différents traitements proposés.
Entre temps on croise un papi en tracteur qui nous salue, on lui fait coucou également. On continue notre balade dans les vignes de Liv en discutant de l’importance de la biodiversité et de la relation entre le végétal et l’animal. Sur la dernière parcelle on croise les jeunes qui travaillent à l’ébourgeonnage dans les vignes de Liv, ils finissent un rang et s’apprêtent à en commencer un autre. Elle leur dit de terminer « vers 18h, pas plus tard ! »
Retour au chais, place à la dégust’ ! On commence avec les vins tranquilles, une petite verticale de 3 millésimes de sa cuvée d’Anjou blanc sur la parcelle « La Raquené ». Elevage en cuve inox de 8 mois avec fermentation malolactique. Les vins présentent une belle acidité et des beaux amers en finale, presque salins. Puis, la spécialité de la maison, les bulles ! 2 cuvées, la première : Loire Gold 18 un crémant de Loire (8 mois sur lattes) d’une très bonne tenue avec des bulles fines à la champenoise. La deuxième « Zeitlos » (intemporelle en allemand) 2015 (95 % chenin/ 5 % cabernet sauvignon), 2 ans et demie sur lattes, Attaque franche et mordante, un vin fin et complexe, il y a du niveau !
Comme ce n’est pas courant les bulles en Anjou et qu’il n’y pas de cave idéale, Liv fait ses vieillissements sur lattes chez Langlois Château (Bollinger) à Saumur pour qui elle a travaillé il y a une dizaine d’années. Elle nous confie également qu’elle souhaiterait planter du pinot Noir dans ses vignes pour faire du blanc de noir.
On finit dans le chai pour goûter les jus de 2019 en barriques. Les fermentations ne sont pas finies, il y a du sucre mais les jus sont beaux !
Après un dernier coup de bulle dans le jardin il est temps pour nous de rentrer à Nantes et pour Liv d’enfiler sa deuxième casquette, mère de famille, car les enfants rentrent de la garderie. Merci pour tout, Tschüss !