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Les jeunes vignerons #1 / Charles Soulier : "Aujourd'hui, je sais pourquoi je me lève le matin..."

Installés à Saint-Hilaire d’Ozilhan dans le Gard et repérés à Lyon au Salon "Sous les pavés, la vigne" en novembre 2016, les Frères Soulier font désormais partie des jeunes vignerons à suivre. Alors que le domaine commence à prendre son envol, Charles, moitié du binôme, parle sans filtres de son parcours, sa vision du métier et de Louis de Funès. Rencontre.
À QUAND REMONTE TON RAPPORT AU VIN ET À LA VIGNE ? Charles Soulier : Mon père et mon grand-père ont toujours cultivé la terre, notamment la vigne. Quand j’étais petit, on mangeait en famille tous les midis des plats traditionnels avec un verre de Côtes-du-Rhône. C'était simple, c'était bien. La belle vie. FAIRE DU VIN EST DONC UNE SUITE LOGIQUE POUR TOI ? C.S : Logique, non. Henry Jayer disait « les jeunes, apprenez l’œnologie pour pouvoir vous en passer ! ». Si l'on veut faire correctement ce métier, surtout sans intrants en vinification, on a besoin d'une base théorique assez importante. Je suis donc passé par un master Viti-Oeno à l'Agro de Montpellier. C'est la première fois que j'avais vraiment envie d'étudier et l’idée de faire du vin était de plus en plus présente évidemment. À QUEL MOMENT VOUS VIENT EN TÊTE, À TOI ET TON FRÈRE, L’ENVIE DE FRANCHIR LE PAS ? C.S : Parallèlement à mes études, le domaine familial est tombé en liquidation judiciaire, ce qui a donc précipité le projet d’installation. On a décidé d’y aller tous les deux ("les Frères Soulier"), naturellement. Il faut que nous sommes exactement sur la même longueur d’onde mon frère et moi, le genre de relation inexplicable. On partage la même recherche quotidienne d’autonomie. COMMENT SE DÉROULE L’INSTALLATION ? C.S : Assez difficilement ; il fallait faire des choix dans l'urgence. On a d’abord voulu racheter une partie des vignes de la famille mais j’étais encore étudiant. Ma mère a financé nos deux premiers hectares, par la suite j'ai fait un emprunt. D’ailleurs, on est encore en train d'emprunter pour se payer une vieille grange et y mettre notre cuverie. POINT DE VUE ÉQUIPEMENT, COMMENT ÇA SE PASSE ? C.S : La débrouille totale ! Un peu comme pour les vinifications, on voulait aller au plus simple. Encore trop de monde pense que c'est la qualité du matériel qui fait le vin. On presse avec la verticale en bois de mon grand-père qui date de 1903, et à la vigne les animaux travaillent pour nous. J'ai dû acheter un tracteur mais je ne le sors que l'été pour les traitements bio. COMMENT A RÉAGI LE VOISINAGE À VOTRE ARRIVÉE ? C.S : Au début, peut-être avec réticences. La nouveauté fait peur, les gens n'aiment pas trop le changement… Et d’un coup, ils ont vu deux jeunes débarquer ! Aujourd'hui on fait visiblement partie des meubles. LES FRERES SOULIER : VOUS EN VIVEZ BIEN AUJOURD'HUI ? C.S : On en vit grâce à la famille. Heureusement. Sinon, il aurait fallu faire comme d'autres vignerons de notre génération : poser une caravane dans les vignes. Si ce qu'on dit est vrai, ces gars-là sont des costauds. Donc on vit chez nos parents comme des ados. On se met au micro-salaire pour payer l'essence. Mais on n’est pas à plaindre ! Ce qui est le plus triste là-dedans, c'est que tu as le sentiment de faire les choses dans le bon sens et tu n’es pas aidé. On ne touche pas de subventions en plantant des vignes non-clonées sur échalas. Ce qui revient à 20 000 € par hectare. C’est également coûteux de vinifier sans intrants, car on a souvent une partie de la récolte qui n’est pas vendable. D'un autre côté, sans prise de risque, on n’apprend rien. C'est un équilibre fragile, mais on l’accepte ! QU'EST-CE QUE CE MÉTIER A CHANGÉ DANS VOTRE FAÇON DE VIVRE ? C.S : Le métier t’oblige à t'isoler un peu. Mon frère, ça lui convient, il a clairement besoin de ça. Moi j'ai passé pas mal de temps en ville plus jeune, mais je ne regrette pas d’être revenu ici car aujourd'hui je sais pourquoi je me lève le matin. On rencontre certainement moins de monde qu’en ville mais les échanges sont plus vrais, plus sains. Et puis, on ne prend pas vraiment ça comme un travail. Pour l’instant on s’organise doucement mais on espère ne pas faire que du vin à l’avenir. On va bientôt produire du fromage de chèvre, peut-être des légumes, ou de la viande pour notre consommation personnelle et les amis. C’est une manière de sortir de la monoculture. LE NERF DE LA GUERRE J'IMAGINE QUE C'EST AUSSI LES SALONS ? C.S : Le nerf de la guerre c'est surtout LA VIE DES SOLS !!! On n’est pas très bon pour vendre, on préfère travailler dans les vignes et profiter du beau temps. Ce que je veux dire par là, c'est que aller taper aux portes n'est pas mon métier, ni celui de mon frère. D’abord, on fait du vin ! Mais évidemment les salons sont importants, ça nous permet de gagner beaucoup de temps, d’échanger. Surtout avec des salons comme le Vins de Mes Amis ou Sous les Pavés La Vigne. Mais je reste assez persuadé que c’est la qualité qui permet de bien vendre. Vous pouvez être dans les meilleurs salons du monde, si vous faites des choses banales, ça ne tiendra pas longtemps. COMMENT SE PORTE LE VIN DANS LE GARD ? C.S : Le Gard bouge, grâce à Eric Pfifferling et Nicolas Renaud notamment. Maintenant il y a Valentin Valles, Sébastien Chatillon ou Le domaine Inebriati. Tour cela va dans le bon sens et il ne faut pas oublier que Henri Bonneau avait aussi quelques parcelles dans le département. ET LES AOC, ON EN PARLE ? C.S : On nous titille parce que la couleur de nos vins est « trop claire », ou parce qu’il y’a « pas assez de Grenache ou trop de Syrah »... A côté de ça, tout le monde ferme les yeux sur le matériel végétal cloné, sur la disparition des vieux cépages locaux, sur les pratiques ancestrales telles que la taille en gobelet, ou le greffage en fente sur place. Tout ça fait partie de l’AOC et de notre patrimoine, mais il n’en reste plus grand-chose malheureusement. De notre côté, je pense que nous défendons de notre mieux l’image de l’AOC mais nous devons tout déclasser en IGP. QUE PENSER DU MONDE DU VIN ACTUEL ALORS ? C.S : Le monde du vin actuel est ainsi fait, mais je ne crois pas qu’il y ait matière à débattre sur le respect de l’Homme et surtout de l’Environnement. Dans un entretien, Louis de Funès disait que la seule bonne raison de défiler dans les rues devrait être la nature. Il avait raison. L’essentiel, c’est qu’il y a un beau mouvement en cours, on fait partie du défilé et on en est fier.   Pour en savoir plus sur ce domaine Soulier 

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